mercredi 3 septembre 2014

Deux semaines chez les kiwis


C'est un fait, les séparations font parti du quotidien d'un backpackeur. Toute aventure partagée avec les personnes rencontrés en cours de route est éphémère, c'est quelque part ce qui les rends aussi intenses. L'expérience permet néanmoins de prendre conscience que ces séparations sont généralement suivies de nouvelles rencontres qui nous permettent de toujours aller vers l'avant, et que le cycle continue, indéfiniment.

Malgré ça, la séparation avec Coralie sera un changement assez radical dans mon quotidien. Un mélange de nostalgie à l'idée que nos 3 mois partagés ensemble se terminent ici, et d'excitation à l'idée d'aller découvrir un nouveau pays, en l'occurrence la Nouvelle-Zélande. Cette excitation sera d'autant plus grande que je ne serai pour une fois pas seul dans cette épopée, mes parents me rejoignant à Auckland.

Je débarquerai chez les kiwis près d'une semaine avant leur arrivée, le temps pour moi de profiter d'une petite pause au calme dans un BnB de la banlieue d'Auckland. Pour la petite minute culture, sachez que le kiwi est le nom Maori désignant un oiseau incapable de voler présent uniquement sur le sol néo-zélandais, qui est devenu l'emblème du pays et a donné son nom aux habitants. Vous ne pourrez pas dire que vous avez perdu votre temps en lisant cet article ! 


Une guitare, un spot de lecture face au lac, des canoës et un stand-paddle attendant sagement dans le jardin qu'on les mette à l'eau... Il ne manque que le soleil !

8 tables de poker compactées sur un écran 15'', une poêlée campagnarde maison pouvant nourrir un village entier, et il n'y a plus qu'à gagner de quoi continuer le voyage !

La maison comporte plusieurs chambres accueillant des gens de passage de toute nationalité, je partagerai mon temps avec cet irlandais expatrié ici en quête d'une nouvelle vie, ou encore à apprécier un verre de vin avec ces françaises venant de terminer le tour du pays en van.

Malgré ce spot assez paradisiaque venant combler parfaitement mes attentes du moment, à savoir me poser un peu afin de me ressourcer, je mettrai tout de même quelques fois le nez dehors, notamment afin de visiter la ville et le pays dans lequel je suis arrivé depuis presque une dizaine de jours.

Auckland vue depuis le mont Eden, un ancien volcan trônant au coeur de la ville

Il sera ensuite temps de se rendre à l'aéroport, pour un moment que je ne serai pas prêt d'oublier. 11 mois après avoir quitté le cocon familial et 9 pays plus tard, me voilà en train d'attendre sagement que les passagers du vol Paris - Auckland débarquent, cherchant parmi toutes les têtes défilant dans le hall d'arrivée mes deux parents. Le moment d'émotion tant attendu arrivera finalement après de longues minutes d'attente, qui valaient définitivement le coup !

Une fois ces deux jet lagués remis en forme après une bonne nuit de sommeil, nous nous dirigerons vers l'agence de location de van la plus proche, et nous commencerons notre boulimie kilométrique sans tarder.

Nous commencerons en douceur par une escale à Hobbiton, lieu mondialement connu pour avoir abrité le tournage de la célèbre trilogie du Seigneur des Anneaux, et plus précisément ayant servi de décor à la Comté.

Les Cabes au presque grand complet dans la Comté... Petite pensée pour toi frérot !

Gandalf se cache dans cette image. Sauras-tu le retrouver ?

Enfin un univers à ma taille

Si le premier contact avec le parc nous a quelque peu choqué, à savoir son prix de 75$ par personne (en dollar néo-zélandais, certes), la suite sera clairement positive, la visite guidée de plusieurs heures étant bien rythmée, intéressante et riche en anecdotes, nous serons vraiment immergé dans l'univers de Tolkien. Le vice a même été poussé jusqu'à nous servir une bière dans une authentique auberge ayant servi de décor à une scène de The Hobbit, on s'y croirait !

Un peu plus au sud se trouve la ville de Rotorua, connue pour ses nombreuses sources chaudes. (oui, au cas-où vous auriez raté la transition, cela n'a plus rien à voir avec le Seigneur des Anneaux)


Les spots à photographie ne manquent pas dans les parages

Direction ensuite Wai-O-Tapu afin de découvrir ce qui contribue partiellement à la renommée internationale des paysages du pays, les sources géothermales.

Une fois acquittés du droit d'entrée, nous nous dirigerons vers le geyser faisant apparemment figure de star locale, ce dernier entrant en "éruption" quotidienne à 10h précise, 365 jours par an. Ma nature curieuse me fera me demander comment cela est-il possible avec une telle précision. Quid des changements d'heure été/hiver ? Et les températures qui changent en fonction des saisons et qui doivent forcément influencer ce mécanisme ? La durée d'ensoleillement ? Comment ce foutu geyser peut se réveiller tous les jours de l'année à 10h ?! La langue au chat est officiellement déclarée, place à l'attente.

9h45, un joyeux luron décoré d'un uniforme du parc vient se placer à 1m50 du geyser, micro à la main, et commence un interminable discours.

9h55, les derniers retardataires prennent placent, la foule venu assister à l'évènement commence à être conséquente.

9h59, le type est toujours en train de déblatérer son speech dans un anglais que je peine à comprendre. Dude... Barre-toi, ça va exploser !

10h00, le gus sort un sachet de poudre jaunâtre de sa poche et le verse directement dans le geyser avant de s'en éloigner afin de déclencher quelque peu artificiellement son éruption.

Voila. Fin du mystère.


Bon, bah maintenant qu'on est là, on va quand même prendre la photo

Pas super convaincu par cette entrée en la matière (au fond, qu'est-ce qui m'empêche de faire le même au fond de mon jardin et de faire payer les badauds 15$ ?), nous continuerons malgré tout notre excursion dans le parc.

Ça au moins c'est naturel, et c'est très bô !

Le reste du parc sera heureusement magnifique, les sources thermales aux dégradés de couleur presque surréalistes se mélangeant harmonieusement avec les conifères présents en arrière-plan.

Pas le temps de trainer malheureusement, nous avons vu grand en voulant parcourir l'ensemble du pays en 8 petits jours seulement. Direction plein sud donc !


Pause pipi synchronisée avec photographie de montagne enneigée au bord de la route... La moindre seconde compte !

Après quelques jours passés sur l'ile du nord seulement, nous embarquerons Jucy sur un ferry depuis la capitale, Wellington, afin de consacrer une plus longue durée à l'ile du sud. La traversée ne prendra que trois petites heures, et les dauphins venant nager le long de la proue du ferry seront là pour nous accueillir une fois Picton, notre port de désembarcation, rallié.

Les paysages sont radicalement différents entre les deux iles, le climat y étant pour beaucoup

Toute cette verdure et cette rivière paisible pourrait paraître paradisiaque, idéale pour se relaxer et tremper ses pieds dans l'eau, se détendre... TERRIBLE ERREUR PAUVRE LECTEUR ! Car ici vit une créature infernale, toute droite sortie des enfers, la pointe de l'évolution du sadisme condensée dans quelques millimètres cubes... Mesdames et messieurs, laissez moi vous présenter la mouche des sables !

Écrire son nom suffit à me provoquer des sueurs froides à l'instant où j'écris ses lignes. Comme prit de panique à l'idée qu'un couple de ces "sandflies" se soit caché dans une poche de mon jean, ait transité dans mon sac à dos, prit l'avion, se soit reproduit et ait conquit l'ensemble de la planète.

Quelle créature mérite autant de mots extrêmes condensés en si peu de lignes me direz-vous ? Tout simplement une apparente inoffensive petite mouche de quelques millimètres, suçant le sang de ses proies. Et la proie, c'est toi cher lecteur. La mouche des sables opère systématiquement en bande, et s'attaque tout particulièrement aux français roulant en van vert. Sa piqûre laisse place après quelques heures à un énorme bouton rouge que le plus zen des bouddhistes s'acharnerait à gratter jusqu'au sang. À faire passer les moustiques pour de gentils papillons.

Le paragraphe sur les mouches des sables ayant été écrit, je peux désormais poursuivre la narration de nos aventures. La prochaine sera assez nouvelle pour moi, puisqu'il s'agira d'un double baptême vol en hélicoptère / marche en crampons sur un glacier.

Le vol d'une dizaine de minutes afin de rallier la base du glacier nous permettra de survoler la vallée et d'avoir une jolie vue plongeante sur celle-ci. Une fois la mission du pilote remplie, ce dernier nous ayant déposé au point de départ de notre ascension, nous chausserons nos crampons et nous lancerons à l'abordage de cette gigantesque masse de glace. Une des particularités de ce glacier est l'altitude très faible de ce point de départ, environ 300 mètres au dessus du niveau de la mer seulement.

Pour l'instant, c'est plutôt facile, le chemin étant déjà tracé

Là, ça se complique un peu... On rentre le ventre, on regrette l'hamburger-frites du déjeuner, et on avance !

Passage au niveau supérieur ensuite (ou devrais-je dire inférieur) avec cette descente souterraine

Barrez-vous, on a réveillé le Yéti !

La journée se terminera par une petite excursion au tout proche lac Matheson et ses magnifiques reflets.

Validé comme fond d'écran du futur Windows

Des lacs, ce n'est pas ça qui manque ici ! Chaque virage cache un paysage à admirer, les occasions de s'arrêter sont nombreuses.

La sensation de bout du monde se renforcera au fur et à mesure que nous nous enfoncerons dans ces paysages montagneux

Le Jucy Palace au réveil


Après un débat tumultueux sur la longueur de la randonnée que nous effectuerons dans la journée, chacun essayant d'emmener le nombre de kilomètres à parcourir au plus proche de ses envies, nous nous mettrons d'accord sur un bon 6h aller-retour. Enfin 6h, c'est ce qui était écrit sur le panneau...

Pour ceux d'entre vous qui se rappellent ma rando-épopée tasmanienne, où nous avions joyeusement pataugé dans la boue pendant des heures avec Coralie, il s'agit un peu de l'épisode 2, en famille cette fois-ci.

Il faut dire que contrairement aux contrées arides australiennes que j'ai déjà eu l'occasion d'arpenter, la pluie a déjà été inventée ici ! Et c'est une invention qui marche plutôt bien. Racines glissantes jonchant le sol, chaussures restants bloquées dans 20 centimètres de boue au fond de flaques d'eau, "chemin" envahi par la végétation luxuriante, rien ne manque à l'appel (à part les mouches des sables peut être).

Étant à l'origine de la brillante idée d'effectuer cette rando, je commencerai secrètement à semer des cailloux derrière moi à partir de la quatrième heure de marche intensive sans aucun signe d'une quelconque arrivée à mi-chemin. J'en connais qui se sont fait abandonner au beau milieu de la forêt pour moins que ça...

Une véritable autoroute ce chemin !

Après 8000 calories brûlées, la récompense tant attendue, une vue qui se dégage (un petit peu)

Après 4h de marche militaire, l'arrivée tant attendue ! Il n'y a plus désormais qu'à rebrousser chemin afin d'effectuer le parcours en sens inverse. Pourvu que mes petits cailloux soient toujours là...


L'article ne se termine pas sur la phrase précédente, nous sommes donc tous sains et saufs ! Et encore assez en forme pour contempler ces paysages si typique de la Nouvelle-Zélande

Et pour changer... des montagnes enneigées en arrière-plan d'un lac !

Et top chrono ! 8 jours en Nouvelle-Zélande se terminent déjà, où nous aurons parcouru des milliers de kilomètres, à la fois vu énormément et manqué tellement de choses. Certes, nous avons légèrement survolé certains spots, mais le choix était à vrai dire plutôt pertinent, tant nous ne sommes pas sur de revenir un jour en ces terres si éloignées.


Salut les kiwis, les Cabes repartent en Australie !


1 commentaire:

  1. Grandiose reportage, au top de sa forme le Arnaud ! Curieux tout de même, je le voyais pas bleu moi, le yéti.
    Ha mais c'est quoi qui me gratte là tout d'un coup ? P. de mouches de m. !!!!

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