jeudi 22 octobre 2015

Égarés dans la jungle birmane


Je vous avais laissé il a quelques mois (années), plein d'excitation teintée de chagrin à l'idée de quitter le sol australien pour rallier une nouvelle fois la Thaïlande afin de quelque peu me sédentariser.

Une année plus tard, qui je résumerai pour une fois par un simple montage vidéo plutôt que par ma plume, me voici prêt à repasser dans le camp des nomades, direction la Birmanie.




Nous (oui, car je ne serai pour une fois pas seul, l'ami Julien m'accompagnant dans ce périple) débarquerons à Rangoun, l'officieuse capitale.

Première étape, passer en mode baron de la drogue.
300 billets de 1000 kyats, soit 215€, la vérité en jette un tout petit peu moins.

Deuxième impression : à côté de Rangoun, Bangkok, c'est un paisible vilage de bergers. J'ai rarement eu l'occasion d'arpenter des rues aussi étouffantes, parfois même suffocantes. Je ne sais dire si c'est la saleté omniprésente qui dégage cette impression, l'étroitesse de la majorité des artères de la ville ou encore la densité du nombre d'habitants. Probablement un mélange de toutes ces caractéristiques.
Si cette photo rassemble la majorité des caractéristiques citées ci-dessus, il en reste une, et non des moindres, non représentée : le bruit. Le klaxon a en effet une utilité assez universelle en Birmanie, qui reste souvent bien mystérieuse pour les occidentaux que nous sommes. Le résultat est une cacophonie permanente ayant de quoi faire perdre son sang froid à un moine tibétain.
Dernière spécificité du lieu, les locaux mâchent à longueur de journée des noix de bétel, pour leurs propriétés stimulantes. Ils recrachent généralement cette dernière au sol une fois mastiquée, d'où la présence de ces interdictions assez originales.

La pagode Shwedagon, l'un des rares havre de paix de la ville. J'essaierai tant bien que mal d'adroitement cadrer mes photos, la majeure partie du site étant en restoration.

Probablement encore plus belle de nuit



Ayant rempli notre quota citadin pour le voyage, nous prendrons rapidement le large direction le Lac Inle. Bien loin du brouhaha de la gargantuesque Rangoun, nous nous retrouverons dans un cadre idyllique dont la sérénité ambiante nous fera un bien fou après notre tumultueux épisode urbain. 

Mais avant d’atteindre ce nirvana si proche, un dernier obstacle se dressera devant nous. Imaginez-vous la scène : deux tchèques, deux français, tous les 4 sortant d’un chaotique trajet de nuit de 12h en bus à travers les montagnes birmanes. 6h du matin, sur le porche de la dernière guesthouse ayant des chambres disponibles. Une chambre disponible, plus précisément. Une deuxième chambre sera disponible d’ici “quelques heures”. L’un des deux lascars s’avance nonchalamment vers moi et me glisse un petit “shifumi ?”. Mes neurones encore endormies s’activent tant bien que mal. Il est tchèque, il a des lunettes et des cheveux frisés. Malgré le peu d’information, j’en déduis grâce à un raisonnement poussé qu’il n’a pas une tête à faire ciseau. Les 3 mots lourds de conséquences sont énoncés. Shi… Fu… Mi ! Ma main s’élance fièrement, transperçant l’air grâce à sa forme de feuille bien plate.

L’énergumène est déjà tout souriant, brandissant fièrement son ciseau. Un ciseau lourd de conséquence, qui signifiera plus de 3h d’attente avachis dans le lobby de la guesthouse. Un moment dur de ce voyage, ce shifumi hante encore mes nuits.

La défaite sera d’autant plus humiliante que nous partagerons le lendemain le même bateau, ce dernier étant le seul moyen de véritablement profiter des lieux.


Une technique de pêche assez sommaire, mais qui a l'air efficace au vu du panier rempli de poissons présent sur chaque embarcation.

La pêche est l'une des principales activités de cet immense lac, des villages de pêcheurs sur pilotis sont par conséquent présents un peu partout.



Nous passerons quelques jours dans les parages, randonnée à vélo ou à pied sur les berges du lac constituant notre principale activité. C’est donc les batteries bien rechargées que nous embarquerons à bord d’un nouveau bus, nous emmenant cette fois-ci dans la célèbre vallée de Bagan.

La vallée de Bagan fait partie de cette catégorie de sites qu’il est difficile de décrire à l’écrit. Chaque temple est en soi majestueux, et des temples, il y en a des milliers, étalés sur des kilomètres à perte de vue dans chaque direction.




Si nous passerons notre première journée à voleter de temple en temple à bicyclette, les choses sérieuses commenceront le lendemain.

Imaginez-vous la scène, bis repetita : deux vélos électriques - vitesse de pointe 30km/h -, deux pilotes de rallye professionnels, et des kilomètres de pistes ensablées digne du Paris-Dakar reliant les différents temples. Il ne nous en fallait pas plus pour tenter de faire tomber le chrono du meilleur Tour de Bagan. Il en résultera des dérapages plus ou moins contrôlés, des bonnes tranches de rigolade, et un vélo électrique dans un champ (celui-là même à 3min55 dans la vidéo).


Un article d'austrasian-trip sans sunset n'en serait pas un !

Nous nous retrouverons quelques jours plus tard un peu plus au nord, à Mandalay, où nous louerons un scooter qui ferait passer le 50cc de la piche locale de votre village pour une Harley Davidson. Malgré le fait que ce dernier calera à chaque feu rouge et que chaque rétrogradage nous donnera l’impression qu’une grenade à fragmentation explose dans le pot d’échappement, il nous emmènera à bon port et nous permettra de visiter les environs.

S'il est vrai que l'on pourrait croire que ces pauvres enfants aient été forcés à poser sur cette photo, c'est à vrai dire les locaux qui nous demandaient assez régulièrement de prendre un cliché avec eux.



Il sera ensuite temps pour moi de me rapatrier en France, les cadeaux de noël m’attendant au pied du sapin pour la première fois depuis deux ans.

Mon seul regret au sujet de la Birmanie aura été de ne pas avoir eu plus de temps disponible afin de s’enfoncer un peu plus en terres profondes, hors des sentiers battus. La faute à Julien qui a la saugrenue idée d’avoir un travail ! La Birmanie est un pays qui s’ouvre au monde extérieur depuis peu, et si les principaux sites touristiques commencent déjà à se développer et à perdre parfois un peu de leur authenticité, il n’en reste pas moins une multitude de lieux ayant su préserver leur charme.


Cette escapade birmane remonte à presque un an maintenant, il est temps pour moi de reprendre une activité éditoriale plus constante. Écrire si longtemps après les faits est en effet un exercice assez difficile, malgré mes petites notes et les photos permettant de raviver la majorité des souvenirs. Prochain article à paraître bientôt, sur un nouveau continent, et à jour !

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