lundi 4 janvier 2016

Expatriation mexicaine


11 février 2015. Trois français s’étant rencontrés en Thaïlande quelques mois plus tôt errent dans les rues froides et désertes de Manchester. Un de ces français, c’est moi, et nous sommes tous les trois sur le point de nous envoler pour le Mexique.

Austrasian-Trip, c’était initialement le blog sans ambition d’un mec qui n’avait jamais vraiment voyagé, et qui partait en terre inconnue pour une durée inconnue. Quelques années plus tard, le voyage est plus devenu une façon de vivre qu’une simple lubie passagère, et Austrasian-Trip s’en va trahir ses origines et ajouter un nouveau continent à son palmarès. 

Le plan ? Le plan, c’est comme bien souvent l’absence de plan justement. Une ébauche tout au mieux, consistant à alterner road-trips en Amérique centrale puis du sud et sédentarisations temporaires dans les lieux qui nous plaisent. Et parce qu’il faut bien gagner de l’argent des fois.


C’est dans cet état d'esprit que nous débarquerons à Cancun, sous un soleil de plomb contrastant agréablement avec l’hiver Européen. Ce paradis pour spring-breakers, situé sur une longue plage jadis paradisiaque, a vu son front de mer bétonné et les buildings ont poussés un peu partout au fil des ans dans des proportions démesurées. Pour vous aider à vous représenter la chose, il n'est même plus possible d'apercevoir l'océan depuis la route côtière. L'enchainement de resorts de luxe et de centre commerciaux constituent une véritable muraille empêchant les personnes refusant d'entrer dans le modèle économique imposé l'accès à la plage. Le tourisme de masse dans toute sa splendeur.
Les locaux tenant un commerce nous abordent en anglais, les prix sont affichés en dollar. Comble absolu, l'état vient de changer de fuseau horaire afin de faciliter la vie aux touristes en se calant sur l'heure de la Floride. Bref, Cancun, c’est le 51ème état américain. L'unique raison de notre présence ici était de toute façon un tarif d'avion extrêmement avantageux, nous déciderons donc rapidement que la chance de Cancun est révolue.

Prochaine étape, Playa del Carmen. Dès le premier abord, la ville est plus accueillante, à taille humaine. Un bon endroit pour faire la fête, mais toujours un peu trop touristique à notre goût pour nous installer ici. Réunion de crise, nous nous installons dans un bar et faisons appel au joker internet. Quelques heures plus tard, Mérida est l’heureuse élue.

Installation

Vue sur les jacuzzis et les piscines depuis le balcon.

Plus important que tout, la salle de billard.

Il faut dire que le rapport qualité/prix, notamment en ce qui concerne les loyers, est assez impressionnant. Sensation assez étrange que de se retrouver dans la résidence la plus luxueuse de la ville, à côtoyer joueurs de football professionnels et autre petite bourgeoisie, pour une somme qui me donnerait tout juste droit à un studio dans ma ville natale. Le seul bémol, c'est la clause de durée de location de six mois présente dans le bail que nous avons signé, qui éclipsera temporairement toute idée de road-trip. Cela ne nous empêchera néanmoins pas d’effectuer quelques excursions dans les environs.

Forcément, en habitant aussi près d'une des merveilles du monde, on se devait d'aller faire un tour à Chichén Itzá.

Une tranquille excursion de grotte qui se transformera bien vite en spéléologie avancée...

... agrémentée de rencontres amicales.

Ría Celestún


Une mexicaine s’est discrètement cachée dans ces photos. J’ai en effet rencontré Diana peu après mon arrivée ici, qui deviendra bien rapidement, en plus de ma copine, une prof d’espagnol aux petits oignons. Il faut dire que je partais de loin, moi, petit élève rebelle dont la moyenne dans la langue de Cervantes n'a jamais contenue deux chiffres. Je ferai néanmoins de gros efforts pour essayer de progresser rapidement. C'est en effet quelque chose qui m'avait beaucoup manqué en Asie, le fait de fréquemment être limité dans les échanges par la barrière de la langue, et je compte bien ne pas revivre la même chose sur ce continent-ci.

La vie suivra tranquillement son cours, nous achèterons bien rapidement une armada d’écrans, un siège de bureau ainsi que divers accessoires informatiques. Une routine désormais bien huilée.

Cette routine trouvera sa fin, ou tout du moins une pause bienvenue, lorsque Julien (encore lui, décidément, il est partout !) viendra me rendre visite et que nous partirons tous les quatre en vadrouille dans la péninsule du Yucatan.

Calakmul, un temple maya parmi une infinité d'autres. Celui-ci a la particularité d'être difficile d'accès, perdu au bout d'une piste de plus de 60 km. La jungle sauvage à perte de vue et le calme y régnant se méritent.

Yann et Julien en mode fourmis mayas.

Palenque
À force de nous aventurer au sud, nous finirons par quitter le Yucatan pour entrer au Chiapas. Le changement est assez radical. Cet état, enclavé dans les montagnes et par conséquent difficile d'accès, est l'un des plus pauvres du Mexique. Un contraste saisissant avec le Mérida développé, au style de vie quasiment occidental, dans lequel nous vivons. Ici, le système D prévaut afin de survivre.

Un exemple flagrant que nous rencontrerons régulièrement au fil de la route sont ces personnes, attendant patiemment des heures durant les rares gringos s'aventurant jusqu'ici. Lorsque cela arrive, ces derniers s'affairent à dresser une corde faisant office de barrage de fortune afin de bloquer le passage des dits gringos. Le deal est simple, un peso, soit 0,05€, contre le droit de passer. Heureusement, Julien, notre diplomate attitré, sera là pour poliment nous frayer un passage.

Canyon del Sumidero. Pour ne point déroger à la loi de Murphy, une énorme averse s'abattra sur notre embarcation.




La photographie animale, ces moments me faisant oublier à quel point mon téléobjectif m'a coûté les yeux de la tête

À gauche, le Mexique, à droite le Guatemala. En face, le mont Tacaná, que nous échouerons par manque de temps à gravir.



De gauche à droite : Arnaud "keyboard breaker", Tristan "coffee addict", Yann "le féroce"


La deuxième pause dans notre routine désormais bien établie, contrairement à la première qui était choisie, sera forcée. Les six mois de notre visa gracieusement donnés par les douaniers mexicains arriveront en effet déjà à leur fin, et il nous faudra effectuer un visa run, ce fameux aller-retour à la frontière la plus proche afin de renouveler le droit de rester sur le territoire. Les vols étant cher dans cette région du monde et souvent bien peu pratique (Cancun - Costa Rica en seulement 24h de vol dont 2 escales aux États-Unis, ça vous tente ?), nous déciderons de nous rendre au Belize, pays frontalier le plus proche, en bus de nuit.

Un visa run, cela s’arrête généralement à ça. Un long trajet en bus, des attentes interminables dans une ambassade, le tout saupoudré d’agréables réveils à 4h du matin pour passer la frontière. Bien que la composante du bus soit présente dans notre visa run, le reste sera comment dire… Quelque peu plus agréable !




Farniente, dégustation de langoustes et plongée dans le Great Blue Hole rendront les trois jours requis avant d'avoir le droit d'à nouveau rentrer au Mexique loin d'être déplaisants.

Great Blue Hole, vue intérieure
En plus des formations rocheuses sous-marines uniques, nous aurons la chance de côtoyer bon nombre de requins de récifs


Près de huit mois après notre arrivée au Mexique, le bail de notre petit nid douillet arrivera à terme, et c'est à vrai dire avec plaisir que nous prendrons notre envol. Si les conditions de notre séjour ici étaient idylliques pour travailler dans de bonnes conditions, nous commencions tous les trois à avoir quelque peu la bougeotte, et il ne sera pas désagréable de devoir à nouveau faire nos sacs afin de basculer à nouveau en mode nomade. Où est-ce que ce mode nomade nous emmènera cette fois-ci ? Une île des Caraïbes fabriquant des cigares, me souffle t'on dans l'oreillette...


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