mardi 1 novembre 2016

Naufrage dominicain


J'aime bien ce blog.

J'aime y écrire, partager avec vous diverses anecdotes et photos. J'ai aimé voyager dans la trentaine de pays que j'ai désormais arpenté, y apprendre des bribes de langage afin d'échanger avec les locaux, en ressortir à chaque fois différent d'une manière ou d'une autre. J'aime tout, découvrir des nouveaux paysages, de nouvelles cultures, des façons de vivre différentes de la notre. Un rien m'émerveille. Malheureusement, cette série prend fin avec cet article. La République Dominicaine ne sera pas le 31ème pays à m'enthousiasmer. Reportage.


Tout commençait pourtant plutôt bien. Tout était déjà organisé avant même notre arrivée. Nous avions réservé un appartement en plein centre ville de la capitale, Santo Domingo, avec 4 chambres au dernier étage d'un immeuble, jacuzzi sur les toits inclus. Retrouver la civilisation et une certaine routine nous paraissait attractif après notre dépaysante étape cubaine, surtout dans un tel cadre.

Cette planification se révèlera une grave erreur. La planification est à vrai dire un concept assez abstrait pour moi, c'était une nouvelle expérience que d'arriver dans un nouveau pays avec un plan tout tracé. Je ne suis pas près de la renouveler.

Le quartier décrit sur l'annonce se révèlera assez différent de la réalité. En lieu et place du centre animé que nous nous imaginions, nous nous trouverons en fait dans un quartier résidentiel, à 30 minutes de taxi d'à peu près tout. Globalement, la vie nocturne se révèlera désespérément absente en dehors de glauques boîtes à prostituées. La chose qui personnellement me décevra le plus sera le contact avec les locaux. Point de curiosité de leur part, il s'avèrera difficile d'avoir une conversation avec eux. Je ne sais pas si c'est le fait d'être dans une capitale, mes difficultés à bien comprendre leur accent assez prononcé et donc à avoir une conversation fluide ou un autre paramètre inconnu, mais je n'avais jamais ressenti ça auparavant.

Mais le pire, le plus dur à vivre au quotidien, ce sera ce virus, terrible fléau qui dévaste le pays. Son nom ? Le tiens-bouffe-ma-musique-à-fond-dans-tes-oreilles. D'une puissance de 160db sur l'échelle de Richter, ce dernier peut frapper partout, à tout moment. Dans un bar, dans la rue, dans un garage à motos, dans un kébab à 10h du matin. Absolument partout et tout le temps, je n'ai jamais vu ça, c'est indescriptible. Forcément, cela n'aide pas non plus à la facilité des contacts lorsque communiquer avec la personne se trouvant à 20cm de soi se révèle impossible sans lui crier dans l'oreille.


Bref, des choses somme toute n'ayant rien d'extraordinaire, il m'était déjà arrivé quelques rares fois de ne pas accrocher un lieu. La sanction viendra du fait que notre appartement est réservé pour deux longs mois. Alors que nous aurions pu nous rendre compte de ces choses au bout de 48h et changer de quartier, de ville, voire de pays à notre guise, nous nous retrouverons cloisonnés ici pendant deux long mois.

Prison dorée sera le terme qui décrira le mieux cet appartement.



Notre terrasse sur les toits


Heureusement, une fois ces deux mois où j'aurai rattrapé mon retard séries des 3 dernières années, mes parents viendront une nouvelle fois me rendre visite, cette fois-ci avec mon frère.

C'est donc en famille au complet que j'aurai l'opportunité de découvrir le reste du pays et de peut-être me faire agréablement surprendre.


J'espère que vous aimez les photos de plage !


Grotte au sein du Parque Nacional los Haitises


Las Galeras

Pour changer de la plage, la piscine !

Pour changer du beau temps, une tempête tropicale !


Un fait qui est difficile à retranscrire en photo, c'est la manière totalement suicidaire de conduire des dominicains. J'ai pourtant vécu en Thaïlande, où rouler à 3 sur mon scooter, sans casque et en claquettes était étrangement devenu la norme après quelques temps, je pensais donc être assez ouvert d'esprit sur le sujet. Mais je n'étais pas préparé à ça, malgré l'aperçu que j'avais pu avoir durant mes deux mois dans la capitale, où leur feu vert équivalait à notre cédez-le-passage.

Valentino Rossi n'a qu'a bien se tenir, le slalom entre les files à l'aveugle atteint ici le statut d'art suprême. Points bonus pour rouler tous phares éteins en pleine nuit ou déboiter à l'aveugle sans rétroviseurs ni clignotants au dernier moment. Les énormes nids de poule et autres ouvertures d'égouts non recouvertes finissent d'apporter un peu de piment à l'ensemble.

J'apporterai ma pierre à l'édifice en prenant à contresens une sortie d'autoroute avant de me réinsérer dans le bon sens, à la grande joie de ma chère maman assise bien tranquillement sur la banquette arrière. 

Nous ne croiserons qu'un seul cadavre durant nos deux semaines sur la route (moto contre bus, un combat bien inégal), un coup de chance probablement.





Oui, nous effectuerons un tour en bateau sur cette lagune et oui, le gros nuage noir se transformera bien en violente averse lorsque nous serons au milieu de cette dernière


Une chose que j'ai beaucoup apprécié, car il faut bien parler un peu de choses positives que diable, c'est qu'hormis le désastre du bétonnage massif de Puntacana, les plages sont finalement assez sauvages et bien préservées.

Le petit 4x4 loué pour toute la durée du trip nous permettra d'accéder aux plus reculées et difficiles d'accès d'entre elles. Quel pied d'arriver au bout d'une longue piste de terre sur une immense plage sans aucun hôtel, aucune construction, avec parfois des kilomètres de sable blanc rien que pour soi !


Parque Nacional Jaragua

Parque Nacional Jaragua

De retour à Santo Domingo une fois notre boucle complétée, découverte d'une Cenote en plein centre-ville que je découvrirai finalement après avoir vécu 2 mois à proximité en mode ermite

Photo de famille avant de se séparer


Verdict ? Eh bien comme le montrent les photos, c'est plutôt joli. Mais... Je suis difficile et recherche bien plus que de jolies photos désormais, et je ne pense pas remettre un jour les pieds en République Dominicaine. Je deviens surement plus exigeant après près de 4 années passées à backpacker le monde. J'ai le sentiment d'avoir un peu tout vu niveau paysages, je me fais plus difficilement surprendre. Au contraire des rencontres, des expériences vécus de manière improvisée, qui restent une source inépuisable de découverte, sans cesse différentes et qui m'enthousiasment toujours autant.

Comme dit en introduction, c'est ce côté là qui m'aura beaucoup déçu. La quasi-totalité des contacts que nous avons eu ont été de la part de hordes de dominicains nous assiégeant afin de nous vendre un tour guidé un peu partout où nous nous rendrons. Alors  attention, je ne suis pas naïf, je ne critique pas ce comportement, bien évidemment que du fait des inégalités de richesse internationales je sais bien qu'un touriste représente une manne financière importante pour eux. Je ferai très probablement exactement la même chose à leur place. Je regrette juste que ces contacts là soient les seuls.

La fois où cela m'aura le plus marqué sera cette soirée que nous passerons dans un quelconque village au milieu de nulle part. Nous y entendrons venant du centre-ville une musique tambour battant (jusque là rien d'anormal). En quête de nourriture, nous nous dirigerons donc logiquement vers ce centre visiblement tant animé. Et là, une fois arrivé sur la place centrale... Une armée de zombies, plantés en cercle autour d'enceintes de concert. Ils ne dansent pas, ne parlent pas puisque de toute façon personne ne peut s'entendre. Leurs visages impassible résument bien l'état de fun suprême d'une soirée dominicaine.


Ça aura été en tout cas un régal de partager ces moments là en famille, de la plongée sur épave avec mon frère au Burger King de noël en passant par les nombreux moments de frayeur au volant.
Je l'écris noir sur blanc, je m'engage solennellement à ne plus jamais réserver un hébergement. Une leçon chère payée, mais une leçon apprise. Aucune récompense à organiser un voyage à l'avance, seule l’improvisation laisse place aux belles choses. Il y a déjà bien assez de choses cadrées et organisées dans nos vies pour en plus se priver d'expériences inédites et enrichissantes en voyage. Mais ça, c'est un autre débat....

C’est le coeur léger et sans aucun plan que je m’envolerai vers la Colombie.

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