vendredi 7 juin 2013

1806km dans le bush, ça use, ça use...

J'ai bien failli rester à Port Lincoln plus longtemps que prévu ! Aucun lien avec ma nouvelle amitié nouée avec mes amis les requins blancs non, seulement une offre d'emploi littéralement tombée du ciel. Celle-ci nous a en effet été proposée alors que nous discutions tranquillement entre nous avec Kirstin et un couple de backpackers français dans le hall d'une auberge de jeunesse. La tenancière des lieux viendra s'immiscer dans la conversation pour nous proposer un boulot de triage de poissons dans une usine, pour 2500$/mois hébergement compris. Only happen in Australia !


S'il est vrai que j'ai considéré la chose, ne pouvant que très peu souvent jouer au poker, ma procrastination l'emportera et je déciderai finalement de gagner de l'argent une fois à Perth, pour l'heure place à l'aventure !


Nous reprendrons la route avec un couple d'allemand que nous avions brièvement déjà rencontré à Adelaide, ces derniers possédant leur propre 4x4. Nous en profiterons pour faire une petite excursion tous ensemble sur une piste seulement accessible à ce type de véhicule.


Dégonflage des pneus afin d'avoir plus de grip dans le sable

14km de piste, 3 étangs traversés, 1h30 de conduite !

Coffin Bay National Park

Un des nombreux émeu rencontré ce jour là


Si je dois admettre que conduire un 4x4 sur une piste sauvage est franchement fun, les 20 litres aux 100 qu'il consomme sur route ainsi que le peu d'espace présent à l'intérieur rendent à mon avis le van bien plus recommandable pour un tour complet de l'Australie.


Enfin, c'était du moins mon avis avant qu'un nouveau problème de surchauffe survienne le lendemain et nous amène à nouveau à visiter l'atelier mécanique le plus proche ! Le verdict du mécanicien ne tarde pas à tomber, entre 1000 et 1500$ pour réparer ça proprement... Après concertation avec Kirstin, on décide de prendre le gamble en mode tout sur le rouge, on continue sans aucune réparation en espérant que tout ne nous pète pas à la gueule en plein milieu de la plaine désertique que l'on s'apprête à traverser sur plus de 1500km !

Moins de 2000km restant jusqu'à Perth, on y est presque !

Quitte à être joueur autant bien le faire, c'est donc également parti pour un détour de 86km d'hors piste, au milieu de nulle part et sans aucune couverture réseau.

Seuls au monde

La roulette s'arrêtera sur le rouge cette fois-ci, tout va bien et l'on pourra donc observer les otaries présentes dans ce bout de terre reculée dans leur milieu naturel. Nous aurons même l'immense privilège d'apercevoir une baleine et son baleineau, à quelques centaines de mètres du rivage seulement ! Celles-ci fuient en effet en ce moment l'Antarctique pour migrer vers des eaux plus chaudes, il s'agit donc du lieu et de la période idéale pour les observer.



Un couple d'australiens nous prêtera gentiment sa puissante paire de jumelles, nous permettant ainsi de contempler la scène de très près



Les nuits passées dans les aires de repos au bord de la route sont de plus en plus calmes, plusieurs heures peuvent s'écouler sans apercevoir un seul véhicule, sur une route qui est pourtant l'axe principal bouclant le pays. Preuve de cette rareté, une sorte de salut inter-automobilistes est de coutume, à la manière du traditionnel salut entre motards.



La végétation devient également tout aussi rare à présent que nous entrons dans la Nullarbor Plain, Nullarbor ne signifie pas "pas d'arbres" en latin pour rien.

La température grimpera soudainement et flirtera avec les 30°C, plutôt correct pour un équivalent d'un début de mois de décembre dans l'hémisphère nord ! Cette chaleur soudaine ne sera malheureusement pas au goût de Matilda, que nous devrons stopper en catastrophe au bord de la chaussée dans un bruit d'ébullition plus qu'inquiétant. Nos talents en mécanique combinés nous mèneront à tenter d'ouvrir le bouchon du réservoir de liquide de refroidissement, pour une raison que j'ignore encore ce jour. Un geyser verdâtre ne tardera pas à surgir, arrosant abondamment l'intérieur de l'habitacle. Qu'importe, nous le remplacerons par de l'eau, et nous reprendrons la route quelques minutes plus tard, baignés dans une odeur ambiante nauséabonde que dégage le liquide de refroidissement imprégné dans la mousse de nos sièges.


Ce bricolage de fortune fonctionnera à merveille et nous continuerons donc tranquillement notre route. Les stations services présentes tous les 200km seront les seuls lieux ou nous croiserons un peu de vie humaine, vie humaine que nous ferons perdurer en remplissant notre réservoir de GPL à 1,22$/litre (contre 0,60$ dans les grandes villes). Le côté "moitié plein" du verre est que le litre de sans plomb est à 2$ !


Une des rares autres distractions durant la traversée de ce no man's land sera les "road trains", ces impressionnants camions tractant jusqu'à 3 massives remorques, que nous croiserons. Cela sera plus déprimant que distrayant à vrai dire, étant donné qu'ils nous doubleront, notre problème de surchauffe ne nous permettant pas de dépasser les 70km/h... Nous apercevrons également quelques cyclistes, que je croiserai à coup de pouce levé et appels de phare afin de leur montrer mon admiration !



On est peut être joueur en ce qui concerne la mécanique, mais pas au point de tenter de passer en fraude deux carottes et un oignon à la frontière séparant le South Australia du Western Australia (originaux ces noms d'états !), on les jette donc sagement dans la "quarantine bin" prévue à cet effet afin d'éviter l'amende de 5000$. On remonte également nos montres de 45 minutes pour passer de GMT +8,5 à GMT +7,75, pourquoi faire simple quand on peut mettre des décimales partout ?

3ème état sur les 8 que contient le pays pour moi donc, et je risque de rester dans celui-ci un bout de temps ! En effet, le Western Australia représente à lui seul environ un tiers du pays. Cela représente une superficie de 2 645 615 km2, soit plus de 4x fois la France, rien que ça !

On se rapproche de Perth ! Plus de 17 000km me séparent en revanche de mon pays natal

Les mouches elles, ne sont pas si loin malheureusement... Une véritable invasion, digne d'une épreuve de Fort Boyard. Celles-ci prennent un malin plaisir à venir se loger dans les endroits les plus désagréables possibles, incluant bouche, yeux, oreilles, et tout autre centimètre carré de peau malencontreusement laissé exposé à l'air libre.

Kirstin recouverte par 1, 2, 3... BEAUCOUP de mouches

Au diable la chaleur écrasante, survivre aux mouches via une tenue de combat appropriée est bien plus important !


Alors que nous pensions en avoir terminé avec les épreuves en tout genre, voici que le boss de fin de niveau vient pointer le bout de son nez...

Ils ont osés le faire, une ligne droite de presque 150km !

Je confirme...

... que ...

... c'est bien ...

... une ligne droite !

Une jolie côte permet heureusement de se distraire

Ainsi que les rapaces affairés sur les carcasses de kangourous n'ayant pas survécus aux road trains


Une fois cette ultime épreuve complétée, nous rallierons enfin la civilisation, via la petite ville d'Esperance, l'occasion d'un McDonalds qui fait du bien après toutes ces boites de conserves ingurgitées !



En rouge la distance parcourue depuis mon dernier billet à Port Lincoln, soit presqu'autant que la distance totale parcourue auparavant en bleue !

1 commentaire: